Grand Prix de France 1982 / 23-24-25 juillet
Duel fratricide
Après les fourmis bourguignonnes les cigales varoises ! C’est avec plaisir que nous redescendons au Castellet pour un Grand Prix estival. La R5 Alpine trépigne de joie, sent-elle déjà la belle prestation de l’équipe Renault ? Une chose est sûre ce sera un Grand Prix turbo. Ferrari qui a emboîté le pas de la firme française en concevant un V6 turbocompressé compte bien jouer la victoire comme Brabham avec le BMW 4 cylindres Turbo. Les essais confirment, ce sera un duel en rouge et jaune avec les blancs de Brabham en embuscade .
Au départ Arnoux le pôleman de même que Prost se font vite griller la politesse par Patrese puis Piquet (Brabham) qui prend la tête mais abandonne peu avant la mi-course. Arnoux se retrouve seul en tête, Prost suit à distance, sous son casque ça bout. Avant la course l’équipe a décidé de le favoriser car à ce stade de la saison il compte plus de points(19/ 2 victoires) qu’Arnoux (4/ 0 victoire). Au cas où Arnoux serait devant il était prévu que ce dernier ralentirait en fin de course afin de laisser passer son co-équipier mieux classé au championnat. René avait acquiescé mais à quelques encablures du drapeau à damier son avance est telle qu’il juge sa victoire méritée, il refuse de regarder le panneau 1 Prost 2 Arnoux brandi au passage devant les stands. Du bord de la piste nous ignorions ces palabres et applaudissions au doublé des jaunes ainsi qu’à la 3è place de Pironi sur Ferrari …Marseillaise et podium 100% Français. D’où nous nous trouvions ce podium n’était pas visible et c’est plus tard dans la presse que nous découvrons la tronche déconfite de Prost sur la seconde marche du podium.
Le lendemain sur le départ pour la Touraine où je "rendais" mon neveu à ses parents, nous déjeunons dans un bar au Beausset…Des gars du cru discutent bruyamment, l’un d’eux demande au groupe : "qui a gagné le Grand Prix hier" ? Un autre répond : « c’est Arnouxe le meilleureux ! »…
Nous enquillons donc l’autoroute, au bout de quelques temps nous rattrapons le transporteur Renault qui rentre à Viry, nous doublons, mon neveu ouvre la vitre et brandit le V de la victoire. Le chauffeur nous assène un grand coup de corne au passage.
SdS
Photos: DR / 1 Le départ : les Renault et Ferrari vont se faire remonter par les Brabham de Patrese et Piquet / 2 Prost-Arnoux-Pironi