Depuis la douzième position au premier passage sur la ligne, le pilote de la monoplace verte et argent n’a cessé d’attaquer tout au long de cette course. Il a profité de quelques abandons mais aussi dépassé huit adversaires pour se hisser sur le podium…Lauda vient d’abandonner et il ne lui reste plus que quatre tours à accomplir après lesquels la seconde marche de ce podium l’attend...
Essais endeuillés
En cette fin mars 1974 le circuit de Kyalami accueille le Championnat du Monde de Formule 1 pour la troisième manche de la saison. Des essais préliminaires se sont déroulés auparavant. Ils ont été endeuillés par l’accident mortel de Peter Revson qui perdit le contrôle de sa Shadow à la suite d’une probable rupture de suspension. L’équipe anglo-américaine est absente pour ce Grand Prix. Brian Redman remplacera le regretté pilote américain aux côtés de Jean Pierre Jarier.
Qualifications
Les Ferrari 312B3 montent en puissance. Lauda se met en évidence et réalise la pole tandis que Regazzoni se positionne un ton en dessous en sixième position. Deux pilotes surprennent leur monde, Carlos Pace hisse sa Surtees TS 16 en seconde position à 5/100è de l’Autrichien tandis que le bouillant Arturo Merzario réalise le troisième temps sur sa modeste Iso-Marlboro. Les pneus Firestone ne sont pas étrangers à ces performances, les deux pilotes les ont cependant parfaitement exploités. Les Mc Laren qui ont remporté les deux premières courses aux mains de Hulme et Fittipaldi se placent en embuscade, cinquième et neuvième chronos dans l’ordre inverse des pilotes cités précédemment. Reutemann sur la Brabham se place quatrième et Watson (BT 42) treizième.
Jacky Ickx
Les Lotus de Ickx et Peterson (positions 10-16) sont en retrait de même que la nouvelle BRM P 201 en onzième position. Hormis Jody Scheckter, position 8 sur la Tyrrell, les sud africains sont cantonnés en fond de grille. Charlton vingtième sur Mc Laren est le mieux placé, Ian Scheckter, Robarts, Keizan et Driver meublent les dernières lignes.
Paddy Driver (Lotus 72)
La course
La meute s’élance aux ordres du starter pour 78 tours. Lauda et Reutemann sont les plus prompts et mènent le peloton devant Regazzoni, Jody Scheckter qui a réalisé un bon départ, Hunt bien parti lui aussi, Fittipaldi. Niki Lauda domine ce début de course mais Reutemann se fait pressant dans son sillage. La Brabham BT 44 fait jeu égal avec la Ferrari. Au dixième tour l’argentin se cale dans son sillage aérodynamique puis déborde la voiture rouge dans la ligne droite des stands.
Carlos Reutemann (cliquer)
Le pilote autrichien cède petit à petit du terrain. Il ne terminera pas la course victime d’une défaillance de batterie en fin de course. Revenons au cœur du peloton. La voiture verte et argent n° 14 est en douzième position jusqu’au onzième tour dans les roues de la Surtees de Carlos Pace. Ce dernier va se faire doubler au tour suivant. La BRM passe Stuck dans la foulée puis va occuper la dixième place jusqu’au tour 32. L’offensive n’est pas terminée pour son pilote.
Arturo Merzario
Il va rattraper Merzario et atteindre la neuvième position en passant l’Italien. C’est ensuite au tour de Hulme en délicatesse avec ses pneus. La Tyrrell de Depailler est en ligne de mire. Quatre tours suffiront au pilote de la BRM pour prendre le dessus sur son compatriote. En septième place le français n’est pas décidé à en rester là. Profitant de l’excellente tenue de ses pneus Il va faire subir le même sort à la seconde Tyrrell, celle de Jody Scheckter. Ainsi Jean Pierre Beltoise rentre dans les points en ralliant la sixième place.
Emerson Fittipaldi commence à voir ses pneus faiblir, JPB va profiter de l’aubaine et dépasse le brésilien au cinquante-huitième tour. Ce n’est pas fini ! Hailwood qui pilote également une Mc Laren se trouve maintenant à la merci de « Bebel». C’est au tour 64 que ce dernier passe l’anglais à l’aspiration dans la ligne droite. Il rejoint ainsi la troisième marche du podium. L’arrêt de Lauda lui offre la seconde. Il savoure son résultat à sa juste valeur après la course en compagnie du vainqueur Carlos Reutemann et de Mike Hailwood troisième.
La suite moins réjouissante, BRM s'éteint
Début 70 Owen organisation bénéficie des généreux subsides de Yardley puis Marlboro. La perte de ses deux pilotes de pointe en 71 fait vaciller l’écurie BRM. Celle-ci engage en 72 nombre de pilotes, une stratégie de dispersion malhabile. L’équipe est à la recherche de talents en 73 mais Lauda et Regazzoni sont phagocytés par Ferrari. Marlboro s’enfuit, Owen jette l’éponge à l’issue d’une saison calamiteuse. Louis Stanley, beau frère de Sir Alfred Owen, sauve les meubles. Cependant le modeste budget Motul en 1974 ne va pas faire de miracle. Les expérimentés Beltoise et Pescarolo se battent vaillamment au volant de la P 201 conçue par Pilbeam. Cette monoplace à la coque pyramidale façon Brabham BT 42 est habillée d’une avantageuse robe argent et vert. Ses volumineux radiateurs latéraux mal intégrés à la carrosserie la desservent néanmoins côté esthétique.
Après cette belle performance la suite de la saison s’avérera moins fructueuse pour le français. La P201 ne confirmera pas cette jolie course et mènera son pilote à la treizième position au classement du Championnat du Monde. Ce sera la dernière saison de JPB dans la formule reine. La déconvenue de l’épisode Ligier fin 75 mit fin à ses espoirs de se maintenir en Formule 1. BRM de son côté va vivoter jusqu’en 1977 avant de disparaître du paysage du sport automobile mondial malgré un bref retour au Mans en 1992, sans lendemain.
JPB (cliquer)
Paru sur "Racing'memories" en janvier 2019
PS
Photos: DR