Ce 8 juin 1968 dans le joli cadre des Alpes bavaroises, Ludovico Scarfiotti s’est installé dans le cockpit de la Porsche 910 Bergspyder… Il se prépare à une montée d’essai, la dernière de sa carrière…
Le parcours de Ludovico Scarfiotti fut-il influencé par son appartenance familiale au clan Agnelli? Neveu du grand patron italien (Groupe Fiat), le jeune turinois fréquente les circuits et court pour le plaisir à partir de 1955 sur une Fiat 1100 en révélant à qui voulait le percevoir un coup de volant incisif. Il s’attaque l’année suivante à l’éprouvante épreuve des Mille Miglia, il y confirme son talent par une victoire de classe. Scarfiotti renouvèle la performance en 1957, année ou il remporte en parallèle le titre national italien de la montagne catégorie GT.
Il réitère en 58 puis en 59 où au volant d’une Osca 1100, il remporte 12 courses de côte sur 14 dans son championnat national.
C’est en 1960 qu’il tombe dans le giron Ferrari, influence de l’Avocato ? Sa carrière prend alors de l’essor. Ludovico poursuit son ascension, toute naturelle, il s’attaque à la côte mais dans le Championnat d’Europe. L’homme aime la route, pour preuve il obtient une 4ème place scratch à la Targa Florio confirmant ses dispositions en matière d’endurance. En 1962, l’italien remporte son premier titre européen de la montagne sur une Dino 196 SP mais illustre son éclectisme en se frottant aux circuits en catégorie sport.
Il termine 3ème aux 1000 km de Paris et remporte le Circuito del Garda. Il gagne la confiance de Ferrari et débute 1963 par une victoire à Sebring, toujours en catégorie Sport, il finit second de la Targa puis triomphe au Mans avec Bandini.
Le Commandatore lui offre du coup un baquet de monoplace en F.1, celui de la Ferrari 156 mais un accident au Grand Prix de France à Reims le blesse sérieusement aux jambes, ralentissant son parcours.
1964 voit le retour de Scarfiotti en catégorie Sport, il termine second à Sebring et démontre son retour en forme en remportant associé à Vaccarella l’épreuve du Nurburgring, il finit 3ème à Reims.
L’italien renoue avec la monoplace en 1965 mais pour deux courses hors championnat chez BRM, commettant une infidélité forcée à la Scuderia qui semble douter de l’italien dans cette spécialité. Il remporte une nouvelle fois pour Ferrari le Nurburgring en Sport puis dans un domaine qui lui tient à cœur un second titre européen de la montagne sur la Dino 206P.
Scarfiotti associé à Parkes triomphe à Spa en 1966 au volant de la sublime Ferrari P3 et faillit bien l’emporter encore une fois au Nurburgring. Targa Florio, Sebring, Le Mans, Nurburgring, Spa… L’italien n’a plus rien à prouver sur les circuits d’endurance aussi retrouve-t-il cette année 66 la monoplace rouge en F.1, le transalpin va réveiller l’amour propre national en coupant en tête la ligne d’arrivée du Grand Prix d’Italie à Monza.
Un triomphe national! Il devient un héros et reste à ce jour le dernier pilote italien victorieux de son Grand Prix au volant d’une Ferrari.
La saison 1967 verra Scarfiotti se distinguer toujours en Sport avec trois secondes places à Daytona, Monza et au Mans, il poursuit en parallèle et avec pugnacité la F.1, obtenant hors championnat une 5ème place lors de la Course des Champions, une victoire à Syracuse. Il est 6ème à Zandwoort mais la Scuderia perd un de ses équipiers cette saison-là en la personne de son compatriote Bandini lors d’un terrible crash au Grand Prix de Monaco. Autre compagnon d’écurie, Parkes subit un grave accident en Belgique qui l’écarte pour longtemps des circuits. L’ambiance s’est détériorée au sein de la Scuderia et Ludovico qui fait fi des liens privilégiés Agnelli-Ferrari entre en désaccord avec l’équipe italienne en fin de saison, il dispute le Grand Prix d’Italie au volant d’une Eagle.
La rupture est fermement consommée et 1968 voit l’italien en F.1 sur une Cooper vieillissante, terminant cependant 4ème aux Grands Prix d’Espagne et de Monaco. Il signe aussi en parallèle avec Porsche qui recherche un spécialiste de la montagne, termine second en Sport à Brands Hatch sur une 907. Renouant avec ses anciennes amours, au mois de juin il participe pour la marque allemande à la course de côte de Rossfeld, il y périra à 34 ans lorsque, victime d’un incident mécanique probable, sa voiture sort de la route et tombe au ravin.
Ludovico Scarfiotti / 18/10/1933 - 8/06/1968 /
SdS
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