Personnage incontournable du sport automobile français pendant des décennies Guy Ligier vient de disparaître. Né à Vichy Ligier fut dès sa jeunesse un sportif du genre battant. En témoigne sa pratique de l'aviron puis du rugby, deux rudes disciplines. Il se tourne ensuite vers la moto puis le sport automobile en parallèle avec son activité d’entrepreneur de travaux publics(*). En compagnie de son ami et collègue Jo Schlesser, il court en F2 à partir de 1964, année qui marque son implication sérieuse en compétition. Guy Ligier participe également aux courses d’endurance avec le soutien de Ford France...
En 66, il se lance dans la discipline reine qu’est la Formule 1. Il y court à titre privé en finançant donc sa participation au volant d’une Cooper Maserati peu compétitive.
Guy Ligier remporte en 67 les 12 Heures de Reims sur une Ford GT 40 en compagnie de Jo Schlesser. Il tente à nouveau sa chance en F1 sur une Brabham Repco qui s’avère beaucoup moins véloce que celles officielles de Hulme-Brabham. Saison décevante malgré une huitième place au GP d’Allemagne. Ligier abandonne la F1 en fin de saison 67 sentant que son engagement à titre privé dans cette catégorie pointue ne le mènera pas au succès. Il redescend en F2 la saison suivante. L’accident mortel de son ami Jo Schlesser au GP de Rouen les Essarts le démobilise, il renonce au pilotage fin 68.
Comme il l'avait projeté avec son ami disparu, Ligier se lance dans la production d’une voiture sportive. Son ambition est de la fabriquer en série, il va s’appuyer sur la compétition pour promouvoir sa création.
On le retrouve au volant lors des 24H du Mans 1970 sur la Ligier JS1 (Jo Schlesser).
La JS 2 va suivre et entrera en production. En 1971, il crée aussi un prototype mu par un moteur Ford Cosworth, la JS 3 dont il est l’un des pilotes.
C’est en 74 qu’il raccroche définitivement son casque, se consacrant à la direction de son écurie. Ses voitures, les JS 5 échouent de peu lors des 24H du Mans 1975 où il obtient une seconde place méritoire.
Guy Ligier en 1976 comble le vide laissé par Matra en engageant sa première Formule 1 mue par le V12 de Vélizy qui poursuit sa carrière. Il exploite pour cela ses relations politiques en pérennisant durant de nombreuses saisons l’appui financier de la Seita. Sa première victoire est obtenue au GP de Suède 1977 avec la JS 7 pilotée par Jacques Laffite. Ligier va alors compter parmi les constructeurs les plus en vue de la F1.
Ses JS 11 de 1979 et 80 resteront longtemps en lice pour la victoire au Championnat Mondial, Troisième et seconde place au Championnat des Constructeurs. En 81 Ligier finit quatrième du Championnat, les années suivantes seront moins heureuses mais Ligier persévère avec pugnacité trouvant chaque saison les moyens de concourir. Alors qu’en 1992 il délègue sa position de responsable d’écurie, ses voitures poursuivent l’aventure et la victoire d’Olivier Panis au GP de Monaco 1996 signe le neuvième et ultime succès d’une Ligier en F1.
L’ex-pilote français revend ensuite son écurie à Flavio Briatore (Benetton F1) qui négocie son rachat par Alain Prost dans la foulée. Guy Ligier se retire alors des affaires pour vivre en Suisse. Son intérêt pour l’automobile de compétition reste ancré et il réalise à partir de 2005 quelques créations avec son fils devenu industriel dans le domaine des voiturettes sans permis. F3, prototypes sortent des ateliers Ligier.
Le nom de la marque est encore présent en 2015 sur la carrosserie de prototypes LMP2 comme ceux du OAK Racing dans le Championnat Mondial d’Endurance. Le « truculent Patron » a quitté notre monde le 23 Août dernier.
Guy Ligier (1930-2015) * Orphelin à 7 ans, le jeune Guy passe son certificat de fin d'études puis devient apprenti boucher, il change ensuite de voie, s'achète une pelleteuse et travaille dur à creuser tranchées en tous genres. Il prospère jusqu'à diriger une grosse structure effectuant des travaux publics en même temps qu'il se passionne pour le sport automobile .
GM
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