Né en 1911 puis interrompu en 1913 le Rallye Automobile de Monte Carlo renaît après la première guerre mondiale sous l’impulsion d’ Antony Noghès. Ce dernier reprend l’organisation en main et adjoint une boucle supplémentaire passant par le col de Braus près de Sospel. Il exige que tous les véhicules soient mis en route par un démarreur électrique, reporte l’épreuve en mars .Il ouvre également une catégorie pour les motos, avec ou sans sidecar (1) ! D'un autre côté, il révise le règlement datant d’avant la Première Guerre mondiale.
Ce rallye n’est pas encore une épreuve de compétition de vitesse, plutôt de régularité. L’automobile Club de Monaco est en concurrence avec celui de Nice-Côte d’azur qui se montre très dynamique. La concurrence des deux clubs pousse les monégasques à attirer la « jet set » de l’époque sur leur rivage grâce à une épreuve de grande envergure.
Le rallye n’est cependant pas une promenade de santé, ce parcours nécessite régularité et endurance. En 1924 rallier Monaco depuis Glasgow, Amsterdam ou Naples représentait un périple, une performance remarquable.Les pilotes sont des Gentlemen drivers.
Cliquer
Les concurrents partent d’une ville européenne pour rejoindre Monaco d’où ils couvrent une boucle autour de la principauté. Un système de points attribue la victoire finale. 1 point par 20 kilomètres parcourus, 2 points par personne à bord, 6 points pour les véhicules fermés, 1 point pour les voitures découvertes avec capote et glace, 2 points par 100kg, 2 points par km/h jusqu’à concurrence de 30 km/heure de vitesse moyenne sur le parcours de concentration, 2 points par km/h (moyenne) sur la boucle de régularité et 1 point pour 100 cc.
Cette refonte transforme ce troisième rallye en un parcours plus confortable en ce qui concerne la saison choisie, même une Renault de 20 ans d’âge put survivre à cette épreuve (Equipage Boivin - Renault 40 CV). Seul un Studebaker a échoué quelque part entre Naples et Monaco.
Parmi les engagés Jacques Edouard Ledure accompagné de sa femme partaient d’Ecosse. Le départ depuis Glasgow marque le début d’épreuve le plus éloigné du Rocher. Les Ledure ont failli jeter l'éponge dès le début. Les commissaires officiels ont scellé la partie moteur de la Bignan de telle sorte qu'en raison de courts-circuits elle démarre in extremis avant le départ .
Le couple Ledure sur une Bignan 11CV de 2 litres (2) effectue un parcours sans embûche jusqu’à Monaco avant de participer avec succès à la boucle finale de régularité. Ils parviennent à obtenir le plus de points à partir de la variété d'options, principalement l'éloignement de la ville de départ. La victoire leur revient donc.
Le deuxième, Monsieur Marquet sur la voiture belge Métallurgique (2L) qui est parti d’ Amsterdam rend environ 30 points à la Bignan victorieuse. La troisième marche du podium revient à une autre Bignan, celle de Monsieur Barbillon (départ de Boulogne sur mer).
Renault 40 cv (14 ème)
Talbot DC (7ème)
Dans les années qui suivront le Rallye de Monte Carlo va peu à peu évoluer vers une compétition hivernale contre le chronomètre très prisée des professionnels. Il conservera longtemps la spécificité du parcours de concentration qui marqua son originalité.
1 / Les motos seront supprimées de la liste des engagements à l'avenir. Outre que l’épreuve n'attira que peu de motards on juge que les conducteurs de motos s'intègrent moins bien dans le paysage urbain sophistiqué de la principauté.
2/ Le constructeur français Bignan (Jacques) commence à construire des petites voitures sportives en 1918 puis se spécialise dans la production de voitures grand tourisme aux moteurs techniquement avancés. Après avoir racheté les ateliers Grégoire l’entreprise tombe en faillite en 1926 par manque de commandes (voitures complètes et moteurs). Elle est rachetée mais disparaît finalement en 1931.
PS
Photos : DR
*Paru sur "Racing'Memories" en janvier 2020