Grand Prix de Suisse 1975
Cette course ne comptait pas pour le Championnat du monde et les Suisses renouaient avec une épreuve F.1 après que la Confédération helvétique ait interdit la compétition automobile sur son territoire. C’était à la suite du drame des 24 heures du Mans 1955 où la Mercedes de Levegh avait provoqué quatre-vingts victimes parmi les spectateurs.
Bien sûr tout ceci avait pris forme grâce à un stratagème, ce nouveau G.P. de Suisse se courait sur le circuit de Dijon Prenois en Bourgogne!
Calé entre les Grands Prix d’Autriche et d’Italie, il permettait, en plus des Helvètes, aux amateurs de F.1 comme moi d’assister à une course de la Formule reine en se déplaçant pas trop loin de chez soi.
Le plateau était limité, les écuries, pour la plupart n’avaient dépêché qu’une voiture mais il y avait quand même du beau monde : Regazzoni le "régional de l’étape", Depailler, Peterson, Mass, Jarier, Brambilla, Amon…
Sur sa Ferrari 312T, Rega, le Suisse partait favori au volant de la meilleure voiture du moment, celle que son équipier Lauda, absent, avait placé en tête du Championnat officiel. Ce week-end décontracté m’avait permis de faire un tour du côté du paddock, des stands aux essais afin d’admirer les monoplaces autour desquelles travaillaient les mécaniciens. Ces derniers avaient « déshabillé » les autos et c’était un régal d’observer les formules 1 dépourvues de carrosserie. On pouvait aussi voir ou entrevoir les pilotes plus facilement que sur un Grand Prix comptant pour le Championnat du monde. Je me souviens notamment de Chris Amon, un ancien de chez Matra qui courait sur une récente Ensign, une voiture au développement encore perfectible auquel le néo-zélandais s’était attelé. A cette époque, les pilotes F.1 n’étaient pas traités comme des rois et l’équipe était installée à l’écart dans le paddock, le pilote « résidant » pour le week-end dans une petite caravane. Il devisait avec un technicien devant son auto, son éternelle cigarette au bec.
La course fut limpide, Regazzoni se défonça pour l’emporter sur sa flamboyante machine rouge. Il fit honneur à son drapeau en faisant retentir l’hymne suisse sur le podium. Dans la foulée du G.P. de France au Castellet, j’avais donc pu assister cet été là à un bonus, une seconde course F.1 grâce au petit pays qui avait fait de sa neutralité une raison d’être.
En 1982, les Suisses récidivèrent en organisant un ultime G.P. à ce jour, comptant cette fois pour le Championnat du Monde, il se déroula également en territoire bourguignon.
SdS
Photos: 1 GM - ambiance décontractée côté mécanique / 2 DR : Regazzoni vainqueur sur Ferrari 312T/