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"Let it go!" à relire...

                            Grand Prix d’Afrique du sud 1970

 

« Black Jack » débarque à kyalami pour y entamer sa seizième saison de Formule 1. A bientôt quarante quatre ans, le triple champion du monde n’est plus un perdreau de l’année. Pourtant il arrive très motivé. Plus pour jauger sa nouvelle monoplace BT 33 que pour son pilotage. Il aurait bien endossé le rôle de team manager si Jacky Ickx n’avait pas cédé aux avances de la Scuderia Ferrari.

 Sans pilote de pointe pour cette saison, le Motor Racing Developments Ltd avait impérieusement besoin des services de son patron au volant. La BT 33 signée Ron Tauranac est la première monocoque de la maison. Jack Brabham a confié une seconde voiture au jeune allemand Rolf Stommelen qui dispose d’un financement pour sa saison. Une bonne affaire en somme car trop occupé à la construction de son nouveau châssis, il n’a pas chassé le sponsor…  

La concurrence s’annonce rude. Les Lotus, Mc Laren et Ferrari seront logiquement de sérieuses clientes. Les surprises peuvent aussi venir du côté de March, nouveau constructeur et des écuries BRM ou Matra qui inaugurent pour l’une un nouveau sponsor et l’autre un V12.

Jack a hâte d’en découdre et se met à l’œuvre dès l’ouverture des premiers essais. Dès qu’il s’enquiert des premiers temps, il ressent une agréable sensation.  Le travail de l’intersaison a porté ses fruits. Au soir des qualifications le patron s’est offert une première ligne sur la grille. Un troisième temps derrière Stewart et Amon au volant de leur nouvelle March.

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Le drapeau s’abaisse le dimanche de la course. Si Stewart réalise un bon départ Amon et Brabham ont hésité. Jacky Ickx a passé son ancien employeur qui pointe troisième dans le premier virage puis « Old Jack » va se faire passer par Beltoise, Oliver et Mc Laren. 

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B. Mc Laren        

« Les deux jeunes et Bruce sont survoltés!…  Restons calme ! », il garde ses adversaires en ligne de mire… Quatrième tour : Il adopte un rythme très rapide, profite de l’aspiration et double le néo-zélandais puis l’anglais dans la longue ligne droite. Au tour suivant

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J P Beltoise   

c’est Beltoise qui voit la BT 33 bleue pétrole le déborder, lui subtiliser la troisième place. Le pilote australien maintient le rythme. Au point d’établir le contact avec Ickx puis prendre le meilleur encore une fois à l’aspiration dans la ligne droite. A la sortie du virage de Crowthorne, Ickx  prend le sillage de la Brabham. Au septième tour Jack compte 7 secondes de retard sur Stewart qui cravache. Il va alors s’employer à remonter doucement  l’écossais. Dixième tour, écart 5 secondes… Quinzième 4 secondes…Dix-septième tour plus que 2 secondes, la Brabham grossit  dans le rétroviseur de Stewart.

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J.Stewart

Le vingtième tour est le théâtre d’une nouvelle attaque dans la ligne droite alors que Brabham prend  l’aspiration de l’écossais. Ce dernier s’incline dans Crowthorne.  Jackie Stewart ne peut suivre le rythme de l’australien qui poursuit son festival en tête. Le pilote écossais se résout à voir s’échapper la voiture bleue. Sa March n’est pas suffisamment compétitive. Les premiers tests effectués à son bord lui avaient procuré cette impression, pas de quoi lui faire oublier la MS 80 de l’an passé. Les nouveaux pneus Dunlop ont fait illusion lors des qualifications. Jack prend la poudre d’escampette… « Let it go! »

Tandis que Brabham augmente régulièrement son avance, Stewart va être rattrapé par Hulme au volant de la Mc Laren qui n’amuse pas non plus le terrain.

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Le champion du monde en titre dépassé par le néo-zélandais devra se contenter de la troisième place. Brabham en visionnant son panneautage à neuf  tours de la fin décide de soulager un peu sa monture par prudence.  Il a égalé le meilleur tour de Surtees le tour précédent. L’australien s’achemine vers un succès mérité. Il a repris un coup de jeune en posant les pieds sur la plus haute marche du podium. De quoi envisager l’avenir avec optimisme…

La suite de la saison ne va pas refléter ce week end fructueux. Elle va se révéler chaotique. Brabham abandonne en Espagne sur panne moteur. Monaco le verra céder à Rindt sa position de leader dans le dernier tour. Une incroyable bévue au virage du Gazomètre où gêné par Hulme il rate son freinage. Il renonce  en Belgique, Allemagne, au Canada, Mexique sur problèmes mécaniques tandis qu’un accident l’élimine en  Italie. Et quand la malchance s’en mêle, un scénario encore à peine croyable l’accable en Angleterre. A quelques encablures du succès une panne d’essence le contraint à offrir la victoire une fois encore à Rindt. « Black Jack »* peut être à juste titre déçu par cette saison qui avait si bien commencé. La belle BT 33 possédait cependant toutes les qualités pour faire de lui un Champion du monde. Petite consolation l’Australien enregistre un ultime succès le 18 octobre à Montlhéry, en compagnie de Cevert, sur la Matra 660 lors des 1000km de Paris.

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 Brabham décida de raccrocher son casque à l’issue de cette frustrante saison de Formule 1.

 

*« Black Jack » : surnom donné à Jack Brabham pour son caractère taiseux et bougon.

Photos : DR

PS

 

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