Janvier 1966, le Rallye de Monte Carlo tourne à l’affront pour l’équipe BMC. Les Mini Cooper victorieuses sont disqualifiées pour un problème de projecteurs non conformes à la série. Les phares supplémentaires des voitures britanniques ne sont pas munis du classique basculement route/croisement. C’est emplie d’une amère déception que l’équipe des “lillipuciennes” quitte la Riviera monégasque.
Les forces en présence
Un affront que les anglais comptent bien venger lors de la prochaine édition. La British Motor Corporation forte de ses succès 66 en Irlande, Tchécoslovaquie, Pologne et Finlande (Mille lacs), fourbit ses armes pour le mois de janvier 1967. Le moteur de la Cooper S est porté à 1293 cc avec des améliorations destinées à accroître sa puissance et sa fiabilité. Les cent chevaux obtenus couplés à la légendaire agilité du “numéro” doivent en faire une concurrente redoutée.
Une concurrence justement musclée s’oppose à la petite anglaise. L’équipe Lancia engage trois Fulvia HF officielles mues par son original V4 1300 cc de 115 cv. Au volant Ove Andersson, Sandro Munari, Leo Cella.
Porsche présente deux 911S usine pour Vic Elford et Günther Klass. Deux épouvantails de 170cv dont la traction a été améliorée sur sol glissant. Pas moins de cinq Cooper S sont acheminées sur le vieux continent. Aux commandes Timo Mäkkinen, Rauno Aaltonen, Paddy Hopkirk épaulés par Simo Lampinen et Tony Fall. Parmi les françaises mais un ton en dessous au niveau performances par rapport aux dernières citées Renault est présent avec ses R8 Gordini. Citroën également qui implique ses DS 21. La jeune équipe Matra sports engage trois Djet VS à peine homologuées pour Beltoise-Landereau, Servoz Gavin-Janin et Pescarolo-Depailler, ce dernier finalement remplacé par Jabouille.
Pescarolo-Jabouille
Début de rallye
Au programme d’abord bien sûr le traditionnel parcours de concentration mené depuis Monaco, Athènes, Francfort, Lisbonne, Douvres, Reims, Oslo ou Varsovie. A la suite un parcours commun (1300km) doté de six spéciales et un parcours complémentaire (612 km) composé aussi de six spéciales.
Si le Commun se dispute sous bonnes conditions météo ce ne fut pas le cas de la dernière boucle qui vit la neige faire son apparition. La puissance de la Porsche d’Elford ainsi que son talent portent le pilote anglais en tête du parcours commun devant trois Mini ( Hopkirk-Mäkinen-Aaltonen). Elles ont fait bonne figure devançant les Fulvia sur un terrain qui à priori ne leur est pas particulièrement favorable. Ce fut une autre affaire sur la neige du parcours complémentaire.
Le final
Les petites anglaises font merveille. Leurs pilotes exploitent au mieux la maniabilité de la “bombinette”, traction avant oblige. Elles infligent une punition aux Porsche 911S mais dans une moindre mesure aux Lancia, également des tractions. Les pilotes des cooper les inscrivent facilement dans les virages serrés et les relancent allègrement. Elford compte bien poursuivre sa domination malgré des conditions beaucoup moins favorables par rapport celles du commun. Il se fourvoie dans certains choix de pneumatiques. Il arrache ses clous dans la première partie du Turini et se trouve perpétuellement en travers sur le manteau neigeux. Il perd régulièrement du terrain derrière la Mini d'Aaltonen. Les Lancia se battent, particulièrement celle d’Andersson alors que Mäkinen malchanceux sur sa Cooper heurte une pierre. La voiture d'Hopkirk chauffe et l'empêche d' exploiter tout son potentiel. Andersson fait le forcing sur la Fulvia à la tenue de route saine et aux pneumatiques efficaces. Aaltonen domine, le duo nordique livre un combat intense, l’écart entre les deux pilotes est faible. En fin de parcours Aaltonen a le dernier mot, maintenant douze secondes d’écart. Il venge donc l’équipe anglaise. Elford, talentueux, a dompté sa Porsche malgré quelques erreurs de pneumatiques et termine sur la troisième marche du podium. Un équipage fit parler de lui lors de ce rallye. Jean Philippe Smet alias Johnny Halliday copilote Henri Chemin sur une Ford Mustang.
L’équipage réalise un bon début de parcours jusqu’à la disqualification pour un problème de non reconnaissance de pneus à bord (des pneus usés) par un commissaire zélé.
JF PIOT
Côté hexagone Jean François Piot au volant d’une R8 Gordini domine le contingent des pilotes français. En retrait lors du commun, il réalise de belles performances dans le final nocturne. Il décroche la septième place à l’issue du rallye.
V.ELFORD
Justice
La sanction de 1966 a été dure à avaler pour BMC dont les trois autos avaient trusté le podium (Mäkinen-Aaltonen-Hopkirk). Les phares additionnels non conformes au règlement n’avaient pas fourni d’avantage particuliers aux pilotes. La sanction avait profité à Citroën et sa DS 21. En disqualifiant après coup les Cooper, les organisateurs avaient pinaillé sur un détail futile. La sentence n’en fut que plus douloureuse. Juste retour, le dénouement du rallye 67 rendit justice au constructeur d’outre Manche.
Stuart Turner, chef de file de l’écurie britannique, pouvait alors rentrer soulagé à Abingdon, le fief de son équipe.
Classement :
1 Aaltonen-Liddon Cooper S
2 Andersson-Davenport Lancia Fulvia HF +12s
3 Elford-Stone Porsche 911S +1mn 05
4 Cella-Lombardini Lancia Fulvia HF +1mn 13
5 Munari-Harris Lancia Fulvia HF +2mn 40
6 Hopkirk-Crellin Cooper S +3mn 02
7 Piot-Karaly Renault 8 Gordini +3mn 47
8 Jansson-Sengtsmann Renault 8 Gordini +7mn 49
PS
Photos : DR
Paru sur Racing'Memories en janvier 2024