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Dijon Prenois 1974 - 80 petits tours et puis s’en vont

 

Eté 1974… Le conflit Israélo-arabe, la crise pétrolière sont encore frais à l’esprit. Fin 73 en France, Monsieur Messmer fait trembler le monde de la course avec les nombreux passionnés en seconde ligne. Le premier ministre envisage l’interdiction de toute compétition automobile… Le décret ne passera pas. Après l’émoi causé par la déclaration, selon l’expression consacrée, le sport a repris ses droits nonobstant l’affolement du prix du baril de pétrole…

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A cette époque je trépignais d’impatience pour assister à un Grand Prix après avoir suivi en 71 les 1000 km de Paris. Un ami bossant chez Total m’avait proposé de l’accompagner. Il m’avait prêté son brassard  l’autorisant à circuler dans les stands et aux abords immédiats de la piste, position privilégiée!

Je suivais la F.1 dans les magazines que je décortiquais et aussi lors des trop rares retransmissions télévisées. Nous allions enfin assister,  le cousin était de la partie, à une course F.1 ! Certes dans de moins bonnes conditions qu’à Montlhéry.

Nous voilà donc en route dans la 4L du français Lambda avec à l’esprit le programme du lendemain vendredi, essais libres le matin et qualifs l’après-midi. Entre ces sessions, les essais de courses complémentaires comme la Coupe R12 Gordini, la  Formule Renault…Nous étions impatients, fébriles…

 Ambiance

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Le circuit de Dijon consistait alors en un tourniquet vallonné de 3,2 km muni de stands plus que spartiates. Une configuration ridicule si l’on compare avec les antipodes, les pistes mythiques comme l’ancien Spa déjà abandonné ou le grand Nürburgring, encore d’actualité à l’époque. On se demande par quel miracle la Fédération française avait réussi à imposer cette piste? En contrepartie, le spectateur y trouvait son content puisqu’une petite trentaine de F.1 sur une piste si courte composait un spectacle permanent. (En fait pour la course les constructeurs « influents » (FOCA) avaient réussi à limiter la grille à vingt-deux monoplaces, ce qui n’avait pas enchanté les petites équipes moins performantes évincées après des qualifications.)

        

Les essais 

 A l’époque les top teams se nommaient Mc laren, Tyrrell, Lotus, Brabham et Ferrari dont les 312 B3 avaient le vent en poupe avec le duo Lauda-Regazzoni. Les premiers tours de roues des F.1 nous avaient  éclatés. Après deux journées d’essais nous en avions pris plein les yeux, les oreilles…Les essais furent dominés par Lauda et Peterson, 58’’79 pour l’Autrichien contre 59’’08 pour le Suédois. Suivaient l’excellent Pryce sur sa Shadow, Regazzoni, deux des trois pilotes Mc Laren : Fittipaldi et Hailwood, Scheckter (Tyrrell), Reutemann (Brabham), Depailler. Ce dernier était sorti très fort et avait dû se replier sur l’ancienne Tyrrell 006 pour la course, nous rappelant le regretté François Cevert. Suivaient  Hunt sur la March version Hesketh, Hulme (Mc Laren), Jarier moins en verve que son équipier sur la Shadow. Ickx, 13è temps, qui pilotait la Lotus 72 avait tourné en 1’00’’00 pile!

  La course 

Au matin du Grand Prix, nous nous payons un bel embouteillage pour atteindre l’entrée du circuit, nous passons le temps en reluquant quelques belles carrosseries (métalliques s’entend !) circulant autour de nous. Près de l’entrée Pescarolo, vainqueur au Mans pour la troisième fois, se faufile au volant de sa Bagheera pour rejoindre son stand au plus vite. Les BRM étaient bougrement à la peine! De la peine, ça en faisait un peu de voir la nouvelle vague des 60s au volant de ces F1 (Beltoise 17è et Pesca 19è temps) alors qu’ils roulaient si fort en sport sur les Matra.   

Enfin nous nous installons aux Sablières juste derrière le grillage longtemps avant le lâcher de la meute. De ce poste on voyait surgir les F.1 en légère contre-plongée d’une bosse qu’elles dévalaient en poursuivant leur sprint … Spectaculaire! Passé le warm up nous attendions de pied ferme à distance respectable de la ligne de départ…Tour de mise en grille…Les moteurs semblent couper…Puis se réveillent, additionnant leur sonorité…Pieds droits à fond ils se déchaînent à l’unisson, annonçant l’envolée…

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 La Ferrari de Lauda domine le début de course. Le premier passage est plutôt furieux quand le peloton déboule moteurs rugissant  alors que les pilotes guettent la moindre faille pour passer leur proche adversaire. Bien sûr nous ne verrons pas l’accrochage sur la grille qui éliminera deux pilotes, Pryce et Hunt.

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Qualifiés en première et deuxième ligne, les rouges ne vont pas tenir longtemps la tête, Lauda victime de vibrations dans le train avant (ça nous le saurons en lisant l’Equipe du lundi!) ne contient Peterson que 17 tours puis se fait lâcher. Regazzoni, en retrait par rapport à Lauda, maintiendra sa troisième place tout le long du Grand Prix, sans pouvoir menacer l’Autrichien. Le monde avait afflué le long du circuit. Il n’était plus question de changer de zone pour suivre la suite de la course sous peine d’être relégué derrière le gros de la foule sans rien y voir! A partir du 40è tour, la course se fige au rythme accéléré des passages  des monoplaces sur ce tourniquet. La visualisation sur le Net du tour par tour de ce Grand Prix traduit parfaitement la chose, étonnant! Du tour 40 à la dernière boucle (tour 80), les positions ne varient pas de la première à la seizième position! Sur le « papier » cela pouvait sembler manquer d’animation, mais sur la piste ça envoyait fort. A chaque tour nous guettions un incident ou un retournement de situation éventuel, si bien qu’il était impossible de s’ennuyer. Scheckter quatrième, revenu dans les roues de Regazzoni, maintient la pression jusqu’à l’arrivée mais sans pouvoir prendre l’avantage.

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Peterson a mené sa course avec constance et brio. Sur la toujours vaillante Lotus 72 (première photo),  il remporte son sixième Grand Prix devant Lauda, Regazzoni, Scheckter et Ickx. Regazzoni  manquera la couronne mondiale pour  3 points face à Fittipaldi lors du dernier Grand Prix de la saison...  Après la course, nous attendions  qu’on vienne nous récupérer. Dans le silence retrouvé, un peu groggy, nous déambulions autour du circuit vide. Passant à côté d’une tente de vendeurs de boissons, nous voyons que les préposés avaient quitté leur poste alors qu’il restait de nombreuses cannettes non vendues…A cours de désaltérant nous profitâmes de l’aubaine! Le cousin au teint fragile se rappellera du soleil qui régna durant ces trois jours. Sur le pourtour du circuit, la  rocaille blanchâtre sur le sol  faisait réfraction. Son visage et ses bras concurrenceront quelque temps la robe du homard cuit au bain marie!

En quittant Dijon-Prenois le dimanche soir, nous savions que dans nos souvenirs cette course resterait gravée.   

PS 

Photos :DR                            

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